Running Man revisité : satire des jeux télévisés et des luttes de classes par Edgar Wright

Contexte et origines

Le roman Running Man, de Stephen King, est paru en 1982 sous le pseudonyme Richard Bachman. Une première adaptation cinématographique, sortie en 1987, a réuni Arnold Schwarzenegger dans un univers largement kitsch où les gladiateurs télévisés semblaient tout droit issus d’un cosplay.

Une réinterprétation contemporaine et plus convaincante

Quarante années se sont écoulées avant qu’une nouvelle adaptation n’arrive, imprégnée d’une esthétique résolument rétro des années 1980 et présentée comme plus convaincante que son modèle historique.

Portée par le réalisateur Edgar Wright, connu pour Shaun of the Dead et Scott Pilgrim, cette version propose une approche plus ambitieuse, sans toutefois exploiter pleinement la charge subversive du roman.

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Survivre trente jours

On suit Ben Richards, ouvrier confronté à des difficultés professionnelles après un licenciement pour insubordination. Dans une Amérique politiquement fracturée entre riches et prolétaires, il rejoint le jeu télévisé le plus populaire, Running Man, dans l’espoir de gagner un milliard de dollars et de financer les soins médicaux de sa fille malade.

Produit par le dirigeant machiavélique Dan Killian, l’émission expédie Richards et deux autres candidats dans un territoire sauvage. Pendant trente jours, ils doivent échapper à des chasseurs professionnels tandis que la population est encouragée à les dénoncer afin de toucher une récompense financière.

Se dissimuler plutôt que courir

La véritable originalité de ce Running Man réside dans le choix du protagoniste: loin d’un fugitif cherchant la fuite, il cherche à se dissimuler, à devenir invisible, à sortir du champ de vision d’un monde où l’image constitue l’arme principale de contrôle.

Le récit privilégie alors un jeu de cache-cache, où Ben Richards doit apprendre les mécanismes du show et les retourner contre leurs créateurs. Cette dynamique maintient l’attention pendant environ une heure avant que le film ne retombe dans le format typique d’un blockbuster spectaculaire.

Une satire datée et inoffensive

En positionnant sa satire dans une époque où les réseaux sociaux et les algorithmes gouvernent une grande partie des parcours médiatiques, le film paraît parfois daté et peu incisif sur l’évolution des sociétés depuis le roman originel.

Si Richards appelle le public à se détourner de ce type de programme, Killian affirme que le véritable problème réside dans les financeurs. Or le film n’explore pas en profondeur cette question et se contente d’un geste punk modeste, plaisant mais timoré.

Note: 3/5

Rafael Wolf/ld

Sortie: disponible dans les salles romandes depuis le 19 novembre 2025.