Revues satiriques en Suisse romande : humour collectif et spectacle musical qui perdurent
Des origines françaises à la scène suisse romande
Issue du XVIIIe siècle en France, la revue satirique s’est épanouie d’abord dans les cafés-concerts, puis dans les bars, les arrière-salles et les music-halls, mêlant souvent opérette, numéros dansés et cabaret.
Si son essor s’est poursuivi jusqu’à la Seconde guerre mondiale, le genre a ensuite connu un essoufflement généralisé, sauf en Belgique, au Portugal et en Suisse. Dans la Suisse romande, il demeure une formule de divertissement portée par une certaine popularité.
Le dynamisme collectif au cœur de la revue
Selon Jean-Luc Barbezat, coproducteur et metteur en scène de la revue vaudoise, la motivation tient avant tout à l’esprit de groupe. Ayant collaboré avec Benjamin Cuche pendant près de quarante ans, il évoque rapidement le désir d’explorer d’autres collaborations et d’offrir des spectacles plus complets, dans ses propos retrouvés dans l’émission Vertigo du 9 octobre.
Il rappelle aussi qu’il n’y a pas d’école pour former les humoristes; les revues constituent un apprentissage collectif, et il se félicite aujourd’hui de travailler avec des jeunes qui apportent de nouvelles techniques, visions et manières de faire. Pour lui, les revues restent une création collective.
Rires et rassemblement
Pour Ylan Assefy-Waterdrinker, nouveau metteur en scène genevois, le rire partagé a le pouvoir de rassembler. En faisant appel à la comédie musicale, au second degré et au chant, il estime que l’humour peut aider à aborder des sujets d’actualité sans sombrer dans le dépit collectif.
Des lieux adaptés à chaque scène
La revue vaudoise est présentée au Magic Mirror de Territet, un chapiteau en bois et toile inspiré des salles de bal des années folles, où le public est entouré et les spectacles se déroulent sans décor.
À Genève, la production se joue dans le cadre du Casino Théâtre pour une 133e représentation, avec danseuses, décors et musique résolument spectaculaires.
Adapter le format au public et au lieu
Ylan Assefy-Waterdrinker souligne que les revues s’adaptent au lieu et à l’audience, en recherchant un équilibre entre modernité et respect des traditions. La comédie musicale, les danses et les grands décors demeurent des éléments attendus à Genève, tout en offrant une lecture contemporaine et sociétale.
Des limites à la créativité et le jeu des échanges
Concernant les limites, Barbezat affirme qu’il préfère accueillir le public après le spectacle et discuter sans que quiconque parte fâché, évitant les attaques personnelles.
Pour sa part, Assefy-Waterdrinker affirme que le théâtre se nourrit de la façon dont l’on dit les choses et du monde actuel. Il distingue rire avec quelqu’un et rire de quelqu’un. Il précise aussi qu’une soirée politique a eu lieu récemment, et que la revue genevoise est moins politique cette année mais tout aussi actuelle et sociétale.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: mh
La tradition des revues de fin d’année est évoquée dans le cadre de Passé recomposé, un sujet lié à la programmation hivernale.
Programmation: Revue genevoise, Casino Théâtre, Genève, jusqu’au 31 décembre 2025; Revue vaudoise, Port de Territet, jusqu’au 31 décembre 2025; Revue fribourgeoise, Théâtre de la Tuffière, Corpataux, du 7 novembre au 11 décembre 2025; Revue jurassienne, Théâtre du Jura, Delémont, les 16, 17 et 18 octobre 2025; Revue neuchâteloise, auditoire de Vigner, Saint-Blaise, du 15 janvier au 22 février 2026 puis à Notre-Dame de la Paix, La Chaux-de-Fonds, du 4 au 8 mars 2026; Revue valaisanne, Pôle musique de Sion, du 12 novembre au 19 décembre 2025.