Parlement grec : adoption d’un cadre autorisant des journées de travail pouvant atteindre 13 heures
Contexte du vote et portée du texte
À l’issue de deux jours de débats houleux, une majorité d’élus, principalement issus du parti conservateur au pouvoir, ont voté en faveur d’un texte porté par le gouvernement. Celui-ci prévoit, moyennant une rémunération majorée, qu’un salarié puisse effectuer jusqu’à 13 heures de travail quotidien pour un seul employeur, sur un nombre de jours fixé par an.
Réaction de l’opposition
L’une des principales forces de l’opposition, Syriza, a refusé de participer au vote. Le groupe parlementaire a dénoncé une dérégulation du travail et une atteinte potentielle aux droits fondamentaux des travailleurs.
Grèves et contestation
Deux journées de grèves générales ont confronté la Grèce à une paralysie partielle afin de protester contre cette réforme, les 1er octobre et mardi suivant.
Dans le pays, où l’économie est en reprise mais caractérisée par des salaires modestes, la possibilité de travailler 13 heures par jour existe déjà dans certains cas lorsque l’employé est lié à deux employeurs ou plus. La réforme vise à élargir ce cadre en le restreignant à une relation employeur unique, selon les partisans.
Des manifestants avaient brandi des banderoles appelant à refuser le temps supplémentaire lors de manifestations à Athènes le 14 octobre 2025, selon des témoins.
Motivation et mécanismes
La ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus, a défendu le texte au Parlement en affirmant qu’il s’agit d’un dispositif volontaire et rémunéré, avec une majoration de 40 %. Elle a assuré qu’aucun salarié ne pourrait être contraint d’y recourir et que cette possibilité répondrait à des demandes d’extension des heures, notamment dans le secteur du tourisme.
La durée légale actuelle du temps de travail quotidien est de huit heures, avec une éventuelle majoration des heures supplémentaires jusqu’à trois heures.
Dérégulation et critiques
Les opposants estiment que la réforme accentue la dérégulation du marché du travail, poursuivie par le premier ministre Kyriakos Mitsotakis depuis son arrivée au pouvoir en 2019. La Confédération des travailleurs grecs (GSEE) relève que de nombreux salariés pourraient éprouver des difficultés à refuser des horaires de 13 heures, compte tenu du rapport de force et de la précarité du marché du travail, et soulignent des contrôles prudents de l’Inspection du travail.
Les syndicats rappellent également que le droit à un repos quotidien obligatoire de 11 heures pourrait être remis en cause, notamment en raison du temps de trajet.
Situation du travail en Grèce
Selon Eurostat, au deuxième trimestre 2025, 20,9 % des salariés âgés de 20 à 64 ans travaillaient plus de 45 heures par semaine, contre 10,8 % dans l’ensemble de l’Union européenne. Le gouvernement a déjà autorisé une semaine de travail de six jours dans des secteurs à forte demande, comme le tourisme.