Infidèles, une série de Tomas Alfredson que Bergman aurait pu apprécier

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Contexte et prémisses

Dans les années 1970, un réalisateur nommé David revient à Stockholm pour tournage d’un long métrage érotique. En revisitant son ami de longue date, le jazzman Markus, il éprouve immédiatement une attirance pour l’épouse de Markus, Marianne, et celle-ci partage ce trouble. Très rapidement, David projette Marianne comme héroïne d’un nouveau film qu’il écrit, adapté d’un livre qu’elle lui a remis. Il serait sans doute tentant pour lui d’inclure une scène explicite de triolisme dans ce projet. Quoi qu’il en soit, l’amour s’impose et annonce un drame sentimental.

Le montage alterne entre l’époque contemporaine et les années 1970, offrant au spectateur une observation voyeuriste de la naissance puis de l’existence d’un amour entre un homme et la femme de son meilleur ami. Plus insidieux encore se dessine le regard porté sur la fille adolescente du couple Markus-Marianne, totalement envoûtée par David, qui feint de ne pas percevoir les sentiments de la jeune fille.

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Un polar sentimental

À mesure que l’intrigue avance, se précise le portrait psychologique d’un David décrit comme égoïste, narcissique et potentiellement pervers, attiré par la souffrance des autres et capable d’humilier sans y toucher. Ce personnage au charisme puissant est présenté comme dangereux et séduisant, avec des mobiles qui restent entourés de mystère. Le récit suggère qu’il pourrait souffrir d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de Markus, qui a réussi sa vie et pourrait menacer son bonheur, sans que la réponse soit tranchée. Le mystère demeure.

La série se déploie comme un polar sentimental maîtrisé, où le véritable coupable, faute de s’auto-comprendre entièrement, doit faire face aux conséquences désastreuses de ses actes sur des personnes qu’il aime.

Plus cérébrale que démonstrative

Réalisée par Tomas Alfredson, connu pour Morse, l’œuvre explore contrariétés, douleurs et désirs à travers une mise en scène sobre et soignée. Le cadre et l’art de la direction d’acteurs renforcent la force de ce récit, qui privilégie la finesse psychologique plutôt que l’exhibition.

La série, plus cérébrale que démonstrative, accepte la lenteur et propose une contemplation mélancolique pour appréhender pleinement les nuances de cette relation amoureuse complexe. Le pari est audacieux, et l’intérêt se révèle surtout dans les regards échangés et dans la psychologie tourmentée des personnages, plus que dans leurs actes.

En se focalisant sur les quatre protagonistes, le scénario offre une profondeur supérieure à celle du long métrage réalisé par Liv Ullmann, ancienne compagne d’Ingmar Bergman, apportant une dimension nouvelle par rapport à l’œuvre qui semblait se limiter à un seul point de vue.

Philippe Congiusti/ld

Infidèles, de Tomas Alfredson, avec August Wittgenstein, Gustav Lindh et Frida Gustavsson. À voir sur Arte.tv à partir du 18 septembre 2025 et sur Arte à partir du 25 septembre 2025.