Genève : près de la moitié des postes RH occupés par des frontaliers, selon une vérification indépendante
Chiffres croisés et contexte genevois
Des données de 2022, issues à la fois des statistiques suisses et françaises, permettent une comparaison des profils occupants les postes de ressources humaines dans le privé et des résidents. Selon les données françaises les plus récentes disponibles, 652 frontaliers français exercerait des postes de cadres spécialisés des ressources humaines et du recrutement dans le canton de Genève, et ce dans le secteur privé.
De son côté, l’Office fédéral de la statistique (OFS) recense, pour la même année, 726 cadres et directeurs des ressources humaines parmi les résidents suisses dans le canton genevois. À noter que Genève avait étendu en 2020 l’application de la préférence cantonale au secteur privé, sous l’impulsion du conseiller d’État Mauro Poggia.
Rythmes régionaux et chiffres comparatifs
Dans le canton de Bâle-Ville, l’OFS indiquait 320 cadres et directeurs des ressources humaines résidant en Suisse et l’INSEE comptabilisait 92 frontaliers actifs dans le privé en 2022. Côté vaudois, les chiffres sont plus modestes avec 99 frontaliers recensés par l’INSEE contre 1 548 directeurs et cadres RH résidant en Suisse.
Interprétation et prudence
En croisant les statistiques françaises et suisses, l’estimation indique qu’en Genève environ 45 % des directeurs et cadres RH actifs seraient frontaliers, et qu’environ 22 % du même type de postes se trouveraient chez des résidents venus de Bâle-Ville. Toutefois, il faut souligner que les données de l’INSEE et de l’OFS datent de 2022 et ne couvrent pas exactement les mêmes catégories professionnelles, ce qui obliger à manier ces chiffres avec prudence et à les considérer comme un ordre de grandeur.
« Il faut se méfier des interprétations un peu hâtives », rappelle Xavier Studer, porte-parole de l’OFS, qui souligne qu’une ressemblance entre deux courbes n’implique pas nécessairement une relation de cause à effet. Face à la diffusion de rumeurs sur les réseaux sociaux, l’agence invite à privilégier ses sources officielles pour éclairer le débat.
Éclairage sur l’emploi local et mécanismes de priorité
Contrairement à certaines idées, des mécanismes de protection existent pour favoriser les chômeurs résidant en Suisse. Pour certains postes où le taux de chômage est élevé, les offres d’emploi doivent être publiées en priorité pendant cinq jours auprès des personnes inscrites dans les offices régionaux de placement (ORP).
Cependant, dans la pratique, Valérie Ballet, professionnelle RH et investigatrice du projet Vraiment, indique qu’il est rare qu’une offre soit retirée après une semaine et que les candidatures soient prises en compte après environ deux semaines. Ainsi, la priorité locale existe théoriquement, mais son impact sur les embauches peut varier.
Contexte historique et dynamique frontalière
Depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation des travailleurs en 2002, le nombre de frontaliers a bondi d’environ 250 %. Cependant, la progression du chômage dans les cantons frontaliers ne suit pas nécessairement cette courbe, selon les analyses de l’OFS.
L’enquête complète est à retrouver sur Play RTS et dans la vidéo associée à l’article.