Ébola: vaccins, traitements et dépistage qui transforment la lutte en RDC

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Ébola est une maladie qui nécessite des soins spécialisés et une prise en charge adaptée. Elle se transmet principalement par contact étroit avec les liquides biologiques d’une personne ou d’un animal infecté et peut Survenir lors de situations de soins apportés à autrui. Dans le cadre de la 16e épidémie qui touche la République démocratique du Congo (RDC), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a relevé un taux de létalité d’environ 70,3 %, avec environ deux décès pour trois cas.

Cependant, une détection précoce et des gestes de prévention adaptés permettent souvent d éviter la transmission et d’améliorer les perspectives de soin lorsque le diagnostic est posé rapidement.

Progrès dans le dépistage et le diagnostic

Les progrès dans le dépistage reposent notamment sur les tests PCR, qui permettent une détection rapide, quel que soit le type de pathogène. Anaïs Legand, responsable technique pour les fièvres hémorragiques virales au sein du programme d’urgence de l’OMS, précise que la mise en place de laboratoires mobiles a accéléré les diagnostics, tout en réduisant les délais d’obtention des résultats à quelques heures.

La pandémie de Covid-19 a aussi contribué à améliorer le dépistage, grâce à l’essor des tests PCR qui permettent une détection plus rapide de divers agents pathogènes, souligne-t-elle.

Traitements validés et avancées vaccinales

La recherche engagée après l’épidémie d’Afrique de l’Ouest (2013-2016) a abouti à deux traitements à base d’anticorps monoclonaux qui ont reçu l’approbation de l’OMS. Ces thérapies ont démontré une efficacité lors d’un essai clinique mené en RDC en 2019 et sont recommandées dans la prise en charge des patients présentant une confirmation d’infection.

Frédérique Jacquerioz, médecin adjointe au Centre des maladies virales et émergentes des HUG, rappelle que l’accès rapide à ces traitements a permis une intervention sur le terrain et une prise en charge plus efficace des patients, notamment avec Ebanga et l’autre anticorps monoclonal utilisé dans les essais.

Par ailleurs, deux vaccins ont été développés. L’un est utilisé dans l’épidémie actuelle en RDC et affiche une efficacité estimée à environ 95 %. Néanmoins, leur performance peut varier selon les souches du virus; toutefois, ils semblent adaptés à l’épidémie en cours, selon Alejandra Garcia Naranjo, pédiatre et référente médicale pour Médecins Sans Frontières à Bulape.

Défis liés aux croyances et à l’acceptation

Au-delà des progrès médicaux, l’efficacité des interventions dépend d’une approche adaptée aux contextes locaux. Entre 2018 et 2020, la réponse médicale a été critiquée pour un manque de sensibilité et d’information auprès des communautés locales qui vivent dans des régions comme le Nord-Kivu, touchées par cette épidémie précédente, en période de conflits et d’élections.

Dans la région, certaines croyances et discours sur la menace du virus ont circulé, y compris l’idée que le virus Ebola aurait été créé par des médecins étrangers et par le pouvoir en place pour influencer le scrutin. L’enjeu actuel consiste à gagner et maintenir la confiance des populations pour les inciter à se faire dépister, se faire vacciner ou suivre les traitements.

Ainsi, les responsables estiment que l’adhésion communautaire est devenue un élément clé de la stratégie de riposte. Alejandra Garcia Naranjo affirme qu’on a observé une meilleure acceptation des mesures liées à la riposte d’Ebola, avec une participation active de la communauté demandant parfois les vaccins ou l’accès aux centres de traitement.

Réalisme des mesures sanitaires et défis émotionnels

Au-delà des outils médicaux, les défis restent humains : pousser les personnes à s’éloigner d’un proche atteint ou à renoncer aux rites funéraires peut frapper l’intimité et la dignité humaine. Comme le rappelle Anaïs Legand, la dimension humaine rend ces décisions particulièrement difficiles à mettre en œuvre, et ce constat réapparaît dans le contexte des précédentes crises sanitaires comme le Covid-19.

Des centres de traitement Ebola ont été mis en place dans des zones isolées, comme Bulape, afin de regrouper les ressources et d’offrir des soins adaptés tout en protégeant les communautés locales.