Comité opposé à l’initiative du service citoyen qualifie le texte d’une expérimentation dangereuse
Contexte et objectif de l’initiative
La proposition vise à obliger chaque ressortissant suisse à effectuer un service au bénéfice de la collectivité et de l’environnement, et non plus uniquement les jeunes hommes. L engagement pourrait être réalisé au sein de l’armée, du service civil, de la protection civile ou d’un autre service de milice.
La loi d’application envisagerait aussi qu’en cas de non prestation de service, une taxe soit due et préciserait si et comment des personnes sans nationalité suisse pourraient participer.
Actuellement, environ 35 000 personnes sont astreintes chaque année. Selon le texte, ce chiffre serait porté à environ 70 000 personnes recrutées.
Réactions et analyses de l’impact
Un cercle d’opposants et d’observateurs met en garde contre les effets sur la société civile, jugeant l’impact potentiellement intolérable. Lors d’une conférence de presse à Berne, le conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS) a affirmé que l’initiative risquerait de fournir des effectifs pléthoriques et de placer des personnes sur des tâches pour lesquelles elles seraient moins qualifiées au regard de leur métier.
Il a aussi remis en question l’impact sur la place des femmes et a évoqué l’hypothèse que l’extension de l’obligation pourrait compliquer le recrutement militaire et de personnel de protection civile, au motif que le système de milice pourrait s’en trouver affaibli, argument partagé par le conseiller national Reto Nause (Centre/BE).
Coûts et charges pour les collectivités
Si les femmes doivent aussi effectuer un service, le dispositif nécessiterait initialement une bureaucratie doubling pour répartir ces personnes sur des postes adaptés, selon Andrea Zryd (PS/BE).
Les personnes concernées devraient être formées et accompagnées par les communes et les cantons, ce qui, en plus du salaire pendant le service, ferait peser des coûts supplémentaires sur les finances publiques.
À l’heure actuelle, les coûts annuels s’élèvent à environ 800 millions de francs pour les allocations pour perte de gain et à environ 160 millions pour l’assurance militaire; le Conseil fédéral estime que l’introduction d’un service citoyen ferait doubler ces coûts.
Réactions du monde économique
Les employeurs restent sceptiques: selon Severin Moser, président de l’Union patronale suisse, deux fois plus de personnes manqueraient à leur poste durant les périodes de service, ce qui amplifierait la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, réduirait la productivité et pousserait les entreprises à recourir à des solutions de remplacement coûteuses.
Points de vue des Verts
Les Vert-e-s critiquent une atteinte à la liberté individuelle. Balthasar Glättli estimerait que l’initiative transforme l’engagement citoyen en contrainte et privilégie le renforcement du volontariat plutôt que l’obligation.
État des débats au Parlement
Le Parlement a largement rejeté l’initiative portée par l’association Service citoyen. Parmi les soutiens évoqués figuraient Johanna Gapany (PLR/FR), Maja Riniker (AG), présidente du Conseil national, et Islam Alijaj (PS) du canton de Zurich.
Source: ats/sjaq