Justice fribourgeoise: hausse des affaires et pressions sur les tribunaux

Contexte et évolution des dossiers
Face à une surcharge de travail et à une complexification croissante des affaires, la justice fribourgeoise traverse une période de tension.
Selon Cédric Steffen, secrétaire général du Tribunal cantonal, une affaire pénale autrefois représentée par quelques classeurs peut, aujourd’hui, nécessiter jusqu’à cinq cartons, une évolution qui illustre l’ampleur du volume traité.
Sur dix ans, le nombre de nouvelles affaires dans le canton a progressé d’environ 15 %. Cette hausse conduit le Conseil de la magistrature à alerter sur les difficultés rencontrées par les institutions judiciaires, dans un contexte où la complexité des dossiers s’accroît.
Le président Johannes Frölicher a évoqué à RTS une situation jugée « catastrophique » par le Conseil de la magistrature, citant des épuisements, des départs de personnels expérimentés, des burn-out et des retards qui s’accumulent.
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La justice de paix, un secteur particulièrement impacté
La situation est encore plus marquée au sein de la justice de paix, qui prend en charge des missions de protection de l’enfant et de l’adulte. Un juge traite en moyenne mille dossiers en parallèle.
Laure-Marie Collaud-Piller, présidente de la Conférence des juges de paix, souligne que les évolutions sociétales se traduisent directement par une augmentation du volume et par une complexification croissante des affaires.
« On voit qu’il y a de plus en plus de maltraitance, de violence domestique, et que la santé psychique de la population se paie », rappelle-t-elle, citant notamment les effets du Covid sur les jeunes.
Bertrand Morel, bâtonnier de l’Ordre des avocats fribourgeois, souligne pour sa part que les retards pénalisent les clients, d’autant que certaines décisions peuvent avoir un impact important sur leur vie privée, familiale, professionnelle ou économique.
Plus de 5000 heures supplémentaires témoignent de la crise
Impact sur les délais et la confiance
Pour certains magistrats, la crédibilité du système est en jeu. « Si vous avez un permis de construire et que vous devez attendre trois ans avant de savoir si vous pouvez l’obtenir, cela met en péril la confiance qu’on a dans l’État », avertit Johannes Frölicher.
En 2024, les magistrats fribourgeois ont effectué plus de 5000 heures supplémentaires, chiffre emblématique de l’ampleur de la crise et des difficultés à absorber l’explosion du nombre de dossiers.